Récits et témoignages

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Transat et croisière sur Pen Duick VI

Inconnu

"A l'été 1988, j'ai fait la transat sur "Pen Duick VI" de St Malo à New York, via Terre Neuve. Le skipper était Jean-Marc Hercelin. Au retour, le club Alcyon avait rassemblé les équipages sur une péniche à Paris, prés du Trocadéro, sous la présidence d'Eric Tabarly.
L'hiver 1989, j'ai fait la croisière de "Pen Duick VI" à la Martinique (départ Fort de France, circuit des îles Grenadines, descente côté Atlantique et remontée côté mer des Caraïbes). Le skipper était Arnaud Dhalenne.

Je vais essayer de vous retrouver des photos, mais j'ai déménagé depuis et ces photos sont restées chez mes parents.
Je vais faire de mon mieux; soyez en tous cas assurés de mon soutien et de ma fidélité."

A bord de Pen Duick II

© Gérard Petipas / Extrait de la revue Bateaux.

"C’était un bateau formidable, et très inconfortable. Aucune hauteur sous barrots, des fuites d’eau à l’intérieur. Sur le pont, ça mouillait également beaucoup. Il était dur à la barre. Eric aimait déjà torcher la toile, beaucoup plus que nos concurrents d’alors. Lors de la course des Bermudes, nous étions l’un des plus toilé. En tête toutes classes à la veille de l’arrivée, une bascule de vent nous a privé de ce résultat. Les télés américaines et françaises étaient déjà sur le coup... "

Prototype de Pen Duick IV

par Roger CAMBOULIVE

Tabarly

"Après l’unanime hommage national et international rendu à Eric à l’occasion du 10ème anniversaire de sa disparition, j’ai retrouvé cette photo assez symbolique, bien que modeste.

C’est une photo d’Eric en escale dans le petit port de Mèze (Hérault), non encore ouvert à la plaisance.

Il y est photographié sur un prototype très rudimentaire, fruit des rencontres et des recherches en collaboration avec André Allègre, et qui préparait ce qui allait être Pen Duick IV.

Cette photo était, dans notre club, la Société Nautique du Bassin de Thau, comme une icône représentant les valeurs véhiculées par notre « maître » à tous : la force athlétique, assez légendaire à la manœuvre des spis d’après ses équipiers, le marin et le régatier, les valeurs humaines autour desquelles nous nous étions retrouvés, la modestie et la convivialité au retour au port. Autant de valeurs qui nous avaient rassemblés dans la voile, avant qu’elle ne devienne marché.

Espérant que cette petite pierre ajoutée à l’édifice permettra de perpétuer l’influence qu’Eric pourra avoir sur les générations montantes et la pérennité des valeurs de notre sport.

Amitiés et bon courage."

Roger CAMBOULIVE
Président d’honneur de la Ligue Languedoc Roussillon de Voile
Délégué Régional de SOS Grand Bleu
Correspondant UNCL / IRC
Créateur et mainteneur de La Transmed, plus grande course au large en Méditerranée

En mer, je laisse traîner ces lignes

par Philippe Segretain

"La Baule-Quiberon : les lecteurs de cette lettre ont tous vécu des navigations plus ambitieuses, mais la mer s’impose dès le moteur coupé Pointe de Penchateau : certes mer calme à peu agitée, ciel gris, bruine  et averses, banal oui, mais des éclairs strient la nuée rose du matin et donnent au paysage sa dimension ; oublie la côte, c’est l’horizon qui s’impose…

Basse Love, Le Four, Les Cardinaux, ces amers ont orienté nos parcours et nous situent dans la vie mais ce matin-là sur le Canal 16 de la VHF une voie angoissée, hachée, raconte une panne de moteur « à l’Est d’Hoëdic ». Patience, pédagogie, calme de la personne qui prend l’appel au CROSS d’Etel mais l’homme en panne ne sait rien dire de sa position, malgré la belle visibilité, et répète qu’il dérive. On finit par apprendre qu’il s’agit d’une vedette blanche qui fut ensuite repérée et ramenée au port mais tout se passe comme si le « permis bateau » ne vérifiait que la capacité manœuvrière au moteur sans exiger de capacité à comprendre, se situer, anticiper en mer…

Naviguer sur Pen Duick II, avec son skipper Maxime, et son agile second Simon est au contraire un beau moment d’intelligence de la mer. D’abord découvrir à la barre le II sous différentes allures, se faire piéger, comme un gamin sur son dériveur, par une saute de vent du SW au NW et gérer yankee et trinquette à contre, appel à la modestie. Et puis échanger avec le skipper : il avait su accueillir pendant Les Voiles de Légende à La Baule des soignants de Saint Nazaire heureux de leurs journées à bord. Et très vite on revient à sa stratégie : le bateau est attendu à Granville : de l’heure de la renverse à La Teignouse, au vent prévu le lendemain pour aborder le Raz puis le Four, une vision pragmatique se dessine.

Naviguer, certes et la lumière sur Quiberon était belle ce soir-là, mais se former aussi  auprès de marins plus seniors, un luxe.

Merci à l ‘Association"

Le 11/08/2020

Excepteur sint occaecat cupidatat non proident, sunt in culpa qui officia deserunt mollit anim id est laborum.

A bord de Pen Duick

© Daniel Gilles

" Les embruns qui montent de l'avant couvrent le cockpit. Le soleil est toujours présent pour sécher nos tignasses mouillées. Nous passons par le travers des Birvideaux, en route sur Groix.
Le vent a encore fraîchi et Eric est assis en avant du cockpit. Les bras croisés, il contemple son vieux compagnon. Pense-t-il aux cavalcades de l'hydrofoil lancé à trente noeuds? Au calme équatorial de la mer des Sargasses? Savoure-t-il simplement le bonheur du moment présent? Son visage est impénétrable. Par moment une vague plus forte éclate à l'étrave, douchant le pont tout entier tandis que le barreur est emporté un instant sous le vent.  
Un grain monte porté par un nuage noir. Dans un premier temps Pen-Duick accélère sous la poussée, puis gîte fortement. En larguant un peu d'écoute le gréement est soulagé un court instant. Eric hésite à manœuvrer. Mais le vent rentre toujours et le pont est désormais envahi par la mer. Tant et si bien que de plus en plus gîté, nous perdons de la vitesse et sommes bientôt littéralement stoppés. Se redressant, le bateau passe subitement sur sa barre. Il se retrouve alors sur l'autre amure. Il y a cinquante nœuds de vent. Dans un premier temps, nous donnons de la drisse de pic pour ouvrir la chute, mais cette foutue grand-voile aurique est décidément géante. A la manière des chevaux rétifs pour lesquels les supplications du maître ne peuvent rien, Pen-Duick ne répond plus. Il faut saluer en grand et rentrer toute la toile. Et pour cela : raidir la balancine, donner du pic et du guindan en même temps pour amener la vergue horizontalement au pont. Le cotre est désormais redressé. Sous sa trinquette seule, au près, il ne peut faire route, mais le gréement est soulagé. En abattant, il prend rapidement de l'erre. Dans cette folle sarabande, un moment sans bastaque, le mât de pitchpin a tenu bon. Le sombre grain continue vers Quiberon et la lumière renaît avec la brise redevenue maniable. Nous faisons route à nouveau sur le port de Groix sous grand voile à un ris et trinquette. Inlassablement, fouillant l'eau de son bout-dehors, Pen Duick progresse de toute la masse de ses onze tonnes. " 

A bord de Pen Duick III

© Jean-François Coste / Extrait de la revue Bateaux.

Pen Duick III

"Un mot me vient pour le qualifier : harmonie. C’est un bateau aussi agréable pour la balade à la journée, avec pique-nique au bord d’une crique, que pour un tour du monde.

C’est une véritable mobylette tant son gréement fait merveille, permettant par exemple de manœuvrer sous voile dans un port en toute sécurité. Son vrai point fort est le largue, où sa grande misaine lui apporte une puissance impressionnante. Avant le Vendée Globe, mon idée était de changer les appendices. Eric m’a écouté, dubitatif, et m’a dit : - quand ça marche, il ne faut toucher à rien -. Il avait mille fois raison."

A bord de Pen Duick VI

© Jean Le Cam / Extrait de la revue Bateaux.

"En 1981, pour son troisième tour du monde, c’était un bateau largement dépassé.
Il était beaucoup plus lourd que ses principaux adversaires. Les voiles d’avant pesaient des tonnes et tout était tendu à craquer, sous tension maximale. Les manœuvres étaient vraiment physiques, et à chaque fois, Eric était sur le pont. Dans la deuxième étape (Indien), on a explosé nos neuf spis. Mais sentir ce mastodonte dévaler les pentes à fond la caisse était réellement impressionnant. Et ce n’était pas Eric qui allait mollir alors que c’était le matériel qui nous trahissait."