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Honfleur-Lorient sur le "5" - Arrêts sur image - Septembre 2022

Bernard Ploquin

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A l'origine, je m’étais inscrit sur ce convoyage sans trop me poser de questions : j'avais lu Honfleur-Lorient et tout de suite vu défiler dans ma tête Barfleur, le Raz Blanchard, les Anglos, le Four, le raz de Sein,… Bref, que du bonheur ! N'ayant pas encore navigué sur le Pen Duick V, l'occasion était trop belle …

De retour de Lorient, avec un peu de recul, j’ai encore des étoiles (et des cristaux de sel …) dans les yeux mais il faut quand-même que je vous raconte un peu le convoyage parce que je ne l'avais pas vu exactement comme ça, au départ !

Par contre, au lieu de le restituer façon « livre de bord », j’ai préféré faire quelques « instantanés » …

Un bon début

Pour mon premier « Bla-Bla Car », je tombe sur un gars formidable avec qui on refait le monde et qui me dépose à côté d’Honfleur, puis, le pouce à peine levé, sur des jeunes qui me déposent au bateau. Là, accueil sympa, retrouvailles avec Marius, prise de contact avec Manon la skipper, Romane la matelote … et bière sur le pont avec tout le monde : super, ça commence bien !

Premier matin

Après une bonne nuit malgré quelques grains violents qui tambourinent sur le pont, petite vaisselle sur le quai : « Eh, Romane, t'as vu le piston de la cafetière ? Sous le robinet, ça fait comme un moulin ! » A ce moment précis, l’écrou desserré tombe dans le port avec le filtre : oups !
« Manon, je crois que j'ai fait une c… ! » Effectivement, à la perspective de ne plus pouvoir faire de café, elle fait  un peu la tête, normal, et s'en va réclamer une cafetière à bord du « III » qui, magnanime nous en prête une petite : ouf, sauvés !

Le départ

«- Bernard, tu peux larguer le câble électrique ? - Ok, pas de souci ! » Donc, repasser le fil sous les filières , sur l'écoute, devant le haubans, repasser sous la filière, passer sur l'autre bateau, recommencer, … Je crois que c’est à ce moment-là que mon dos a fait « crac ». Je n'avais plus ressenti ça depuis le temps désormais révolu où je sautais toutes les bosses avec mon VTT ! « Ça va sûrement passer ! » Intérieurement, ce fut ma première remarque, mais en fait non, hélas !

Naviguer en flotte … ou pas

Samedi midi, les 4 fauves sont lâchés dans la baie de Seine mais la progression vers Barfleur contre le vent s'annonce un peu pénible. Quelques heures plus tard, à la question rituelle de savoir où sont les 3 autres Pen Duick, la réponse de Manon ne manque pas de sel :
«- le « III » a pris de l'avance, ils s’arrêteront probablement à Aurigny et le « II », il est juste devant …
- Et Pen Duick ?
- Pen Duick ? Ils sont au ciné !
- ????......
- En fait, y'avait trop de mer alors ils sont rentrés au Havre et repartiront demain ! »
Les voies de la navigation sont parfois originales ….

La « Gimel », une variante de la « cuillère » de Desjoyeaux

Ce premier soir, après avoir tiré des bords tout l’après-midi, le courant s'inverse avant la pointe de Barfleur. Après un certain temps passé à la table à carte, notre capitaine ressort avec un  avis tranché : « on tire à la côte ! »

Là, s'ensuit une nav' de nuit au cordeau entre les cailloux, du côté de Tatihou : nuit magique … avec à la sortie une « certaine » marge sur le «II » : Yes ! C'était osé, mais bien vu : bravo « Captain » Gimel !

Pince de crabe ?

« - Bernard, choque le génois mais fais gaffe, y'a de la tension sur l’écoute : t’oublies pas la pince de crabe ? »

« - Bernard, tu peux reprendre un peu de foc … Tu penses à la pince de crabe ? »

« - Allez, on vire ! Bernard ! La pince de crabe ! »

À cela, 2 commentaires : premièrement, je l'avoue, je ne mets pas toujours ma main comme il faut sur la poupée du winch … deuxièmement, côté sécurité, notre skipper a toujours l'œil et ça, c’est plutôt rassurant !

Maudit dos !

Pour ceux qui ne l'ont pas encore pratiqué,  Pen Duick V c’est un super-bateau. Par contre, il a dû être sponsorisé par l'ordre des kinés… pour arrondir leurs fins de mois vu la hauteur sous barreaux ! Pour résumer, on y vit à genoux entre la cuisine et la table à carte, et à 4 pattes ailleurs : j’exagère ? À peine ! À bien y réfléchir, on n'imagine pas non plus Tabarly dessiner des Amel …

Le 3ème jour donc, après une nuit ponctuée par les quarts, une petite sieste s'impose. Au près avec 20 nœuds de vent dans un clapot très court, on plante quelques pieux …  Je matosse donc les sacs sous le vent pour me faire une bannette confortable (en gros, combler les creux entre les membrures en alu).

Après pas mal de contorsions vu l’état de la mer … et celui de mon dos, j'arrive à me glisser sur la couchette. A ce moment précis, et juste avant de pouvoir remonter la toile antiroulis, un cri descend du pont : « on vire ! » La suite est facile à imaginer …

AIS, VHF … et bruits de pontons

Quelques réflexions glanées au fil des conversations lors de ces 4 jours …

Sur un ton faussement innocent, alors que nous sommes devant :
« Pen duick V, Pen Duick V,  de Pen Duick II, rassure-moi : tu es bien au moteur ? »

Sur un ton un peu plus « véner’ », alors que nous sommes au large, quelques milles derrière :
« Pen Duick II,  Pen Duick II,  de Pen Duick V, on ne te voit plus …  À l'AIS, je vois que tu es passé à  la côte ? »

Sur un ton protecteur,  après qu'il se soit fait un peu secouer dans un méchant clapot :
« Pen Duick V, Pen Duick V,  de Pen Duick II, petit conseil : à la sortie du Four, fermez bien tous vos capots ! »

Réflexion amusée d'un plaisancier sur un ponton de l'Aber Wrac'h  à l’arrivée du « II », puis du « V » :
« Eh ben, aujourd'hui, c’est le défilé ! Pen Duick III est déjà passé ce matin … »

Le quart naval, c’est la fête ?

« - Bernard ?
- ….
- Bernard !!!
- Mmmmhhhh ?
- C’est l’heure ! »
Mon cerveau est à 10 % de capacité, seules quelques bribes de pensées parviennent à émerger …
« Déjà ? Ça fait à peine 2 heures que je dors ! »
Puis …
« Promis, juré,  quand je rentre, je m’inscris dans un club de belote ! »
Finalement …
« Bon, j’ai gardé le pantalon de ciré et les bottes, je n’ai plus qu’à enfiler la veste ; toujours ça de gagné ! »
Tout bien considéré, quelques instants plus tard, avec une moque de café devant un superbe lever de soleil, je me dis que la belote, c’est pas une bonne idée …

Déjeuner en paix

Depuis ce matin, après avoir mis le clignotant à gauche à la sortie du Raz de sein, le vent souffle du au sud-est, donc pile dans l’axe … Au programme, on nous joue donc aujourd’hui un grand classique : « Deux fois la route, trois fois la peine ! »

Dans l’après-midi, Romane, à la barre déjà depuis un certain temps, descend se faire un en-cas. Comme ça arrose un peu sur le pont, je n’ai pas mon appareil mais la photo, je la regrette encore car lorsque j’ouvre le panneau quelques minutes plus tard, la vision, en bas, est assez cocasse …

Assise à même le plancher, jambes à l’équerre et calée contre la cuisine, Romane encore en ciré s’enfile une boîte de sardines avec une béatitude qui fait plaisir à voir. Avec un grand sourire, le commentaire sera laconique : « c’est trop bon ! »

Le bonus … delphinus !

« Regarde ! Là, à gauche ! Et là, derrière ! Euh … en fait, y’en a partout !!! »
On a beau se tourner dans tous les sens, nous sommes entourés de dauphins. Ce « troupeau » de plusieurs dizaines d’individus descend plus ou moins vers le sud, croisant notre route à 45°, mais ce qui est surprenant, c’est qu’ils prennent le temps de nous accompagner par petits groupes quelques minutes avant de reprendre leur chemin. Moment magique s’il en est !
Personnellement, je n’en avais jamais vu autant en même temps, et ce d’autant qu’on en avait déjà croisé quelques-uns la veille au large de la Bretagne nord, et l’avant-veille … dans le port de Cherbourg ! Romane, quant à elle, avait, excusez du peu, été surprise la veille par un bruit bizarre derrière elle … un globicéphale qui soufflait !

Vivement la prochaine !

Pour finir, nous arriverons à Lorient le mercredi vers 2h00 du matin et, comme au départ, cela se terminera par une bière tous ensemble sur le ponton ! Là, j’avoue que je ne traînerai pas plus que ça : mon train partant très tôt, la nuit  sera encore un peu courte. Ceci dit, les plus jeunes ne feront pas non plus de vieux os car pour faire Honfleur-Lorient en 3 jours et demi, vent « dans le nez » une bonne partie du temps, il ne faut pas chômer …

Je ne peux terminer sans adresser un grand merci à l’association pour pouvoir continuer à naviguer sur ces « beaux » bateaux, ainsi qu’une pensée reconnaissante à Manon, alias  « Pince de crabe » et à Romane, alias  « Pied de mât »*, l’équipage aussi sympa que compétent qui m’a supporté lors de cette superbe ballade !

*  "Romane, s’il te plaît, tu peux reprendre un peu de bordure ?"   "Romane, tu peux laisser filer un peu de drisse ?" … Comme il n’y a pas de piano pour reprendre les manœuvres au cockpit, tout se passe forcément au pied du mât !    ;-)

Lorient Honfleur du 30/08 au 04/09

Michel Bachellerie

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En préparant le paquetage sur mon Ile d’Oléron, je suis déjà à la manœuvre ! Je retrouve les Pen-Duick, un Lorient Honfleur sur le trois, 6 jours de navigation, aux commandes, Benoît et son matelot Tim « sans elec ». Deux pointures qui se comprennent sans de grands discours. La nav de Benoît sera de toute beauté et de grande précision tant en mer d’Iroise, que pour la traversée du « chanel » entre Plymouth et Cherbourg avec un longe-côte de grande maitrise entre Cherbourg et la pointe de Barfleur. Chapeau l’artiste, nous sommes, les cinq équipiers, admiratifs devant nos deux petits jeunes (ils pourraient être nos enfants) efficaces et transmettant une confiance sereine. Une très bonne ambiance au sein de l’équipage fera que le convoyage sera une partie de plaisir même si les conditions météos et l’état de la mer ont parfois malmené certains d’entre nous. 25 nœuds de vent dans le chenal du Four avec des rafales à 35 (si, si c’était indiqué par Monsieur NKE) le tout dans le quart de 4h, c’est du tonique ! Mais Pen-Duick III reste égal à lui-même, solide au poste, un léger lofe et tout rentre dans l’ordre. C’est banal à dire, je crois que je me répète à chaque commentaire de sortie mais ce bateau, ces bateaux ont une âme, peut-être une présence de celui qui les créa et les rendit si célèbre. Combien de fois lors des nombreuses discussions pouvons-nous évoquer Eric qui a suscité pour beaucoup d’entre nous cette passion qui nous anime. Merci à lui, merci à l’association et aux armateurs des bateaux tout particulièrement à Jacqueline et Marie Tabarly.

Ce fut une arrivée de rêve dans le vieux bassin d’Honfleur. Marius avec Pen-Duick, arrivés plus tôt est sortie nous accueillir et se joindre à la parade. L’entrée, animée par les commentaires éclairés de notre Président Jean-Pierre et sous les applaudissements de très nombreux spectateurs venus admirer les Pen-Duick fut un grand moment. Arnaud Pennarun était également là, il a pris des nouvelles de celui avec lequel il fera connaître l’association « Les enfants de Robert Debré » lors de la prochaine route du Rhum. C’est une autre histoire que nous accompagnerons et suivrons avec beaucoup d’attention.

Mon convoyage a bord de Pen Duick II

par Jean-Marc Eutrope

"Je suis né la même année que le Pen Duick II.
Celle-là même où Éric Tabarly a écrit la plus belle et indélébile page de la voile française.
Pour mes 10 ans, ma sœur (très) aînée, elle même férue de voile, m'a offert un exemplaire (même pas dédicacé) de "Victoire en solitaire, Atlantique 1964" . Combien de fois l'ai-je lu ? Sûrement plus de dix fois.
Bercé par les exploits, le courage, l'abnégation et la modestie de ce marin d'exception, j'en suis resté au stade d'une plaisance qui, bien qu'obscure, ne m''en apporte pas moins les plus grandes joies.
À bord de l' Agapée, mon bateau, je m'efforce d'y faire prévaloir, très modestement, les valeurs qu'Eric Tabarly à gravé dans ma mémoire. Sans le savoir.
En devenant logiquement adhérant de l'association, je permettais, un peu, de perpétuer ce mythe et, pourquoi pas, de confronter mes rêves à la réalité.
Et ma demande d'embarquement à bord de Pen Duick II a été exaucée.

Samedi 18 septembre, départ de Sète.
Après un voyage en train de 8 heures, arrivée de nuit à Cherbourg, à pied jusqu'au port Chantereyne et, là, sur le ponton J désert, une apparition : Pen Duick, le V et le II à couple du III, un signe de la main du skipper, quel accueil ! Pour moi tout seul ?
Je crois même que j'ai écrasé une larme.

Dimanche 19 septembre, pour cause de météo défavorable, nous restons à quai, en profitons pour faire un tour à la Cité de la mer et achevons cette journée par un dîner convivial partagé avec le très sympathique équipage du III. Au menu, un bœuf Strogonoff cuisiné d'assis à la gaziniere du II.

Lundi 20 septembre, appareillage pour Brest, les quatre bateaux navigant de concert pour un passage mémorable du Raz Blanchard, ses incroyables courants de marée et sa mer particulièrement agitée.
J'en profite pour presser le skipper de questions techniques, météorologiques ou encore de navigation auxquelles il y répond toujours de bonne grâce, de manière précise et concise.
Las, une veste de quart négligée et quelques paquets de mer bien placés ont eu assez facilement raison de ma fringuance méditerranéenne, accrochée à une hypothétique fin d'été. 
Résultat ? Des quarts non assumés et une agonie de plusieurs heures recroquevillé sur ma bannette. Le skipper, évidemment impliqué et élégant, me remplaçant sans mot dire.

Mardi 21 septembre au matin, un peu honteux d'avoir failli mais regaillardi par une collation bienvenue proposée par un skipper décidément aux petits soins.
A en croire les indiscrétions d'Olivier de Kersauzon, le mal de mer frappe même les marins de légende.
Au fond, mon passage sur le II aurait-il la même valeur (ou saveur) si, à mon tour, je n'en avais pas été frappé ?
Et, sans doute dois-je relier cet épisode à la frousse de n'être pas à la hauteur de mes rêves.
Bref, je me console comme je peux...
Debut d'après-midi, arrivée groupée à Brest, mise à couple du III et de Pen Duick.
Les voiles d'avant pliées, le pont rincé et la cambuse briquée sonnent déjà l'heure du retour.

Un petit mot pour conclure à propos du matelot, volontaire du service civique, qui m'a accompagné jusqu'à la gare. J'ai eu le privilège de cotoyer un jeune homme affable, impliqué et compétent. Je ne doute pas un instant de ses capacités à devenir ce qu'il est.

Merci à toutes et tous d'avoir contribué à réaliser mon rêve et longue vie à l'association !

Jean-Marc Eutrope
Adhérent 6005"

Septembre 2021

Du monde sur l'eau

par Philippe Segretain

La vedette de la SNSM accompagne Pen Duick II

Du monde sur l’eau !

Métallique, anguleuse, la coque de Pen Duick V dialogue avec ces piliers, ces mats, ces pales de métaux novateurs qui se dressent sur le banc de Guérande, ces éoliennes controversées très présentes à quelques miles dés la sortie de la baie de La Baule. Ces nouvelles balises bordent la zone où les Pen Duick, ces voiles de légende, ont régaté quelques heures auparavant. Notre côte, moins peuplée l’hiver que ce 15 août toutes voiles dehors, n’est donc plus seulement partagée entre pêcheurs, plaisanciers, et, au loin, cargos et portes containers, elle devient un élément de notre autonomie énergétique. Le V, en route pour Lorient, passe La Turballe, ce port sardinier qui se transforme en outil industriel de la maintenance des éoliennes. Le phare du Four jalonne donc aujourd’hui un espace marin où cohabitent des fonctions, des métiers, des plaisirs si divers. Il y avait du monde sur l’eau.

Entre Hoedic et Houat, mer peu agitée à agitée, vent montant vers un quatre bien établi. Sur notre bâbord se rassemblent une trentaine de bateaux, pêcheurs, plaisanciers sur de belles coques, toutes sortes de hors-bord, un petit navire de passagers qui relie ces îles au continent et la vedette de la SNSM qui viendra nous saluer. Ces bateaux forment une large boucle : c’est le 15 Août, fête très célébrée en Bretagne,  mémoire des péris en mer; nous sommes déjà trop loin et ne pouvons que deviner la gerbe jetée. L’océan ce matin là accueillait aussi la dimension spirituelle des marins, dans leur diversité.

Après la Teignouse les choses devinrent sérieuses. Un près très serré pour doubler Quiberon sans pouvoir abattre avant Groix, des vagues formées. Les instructions précises, les réglages fins et la sérénité de Maxime notre skipper permettent à Julie et moi de barrer vers le chenal de Lorient, la lisse souvent dans l’eau. Barrer peut aussi être un exercice physique. Maxime a hâte de retrouver la base car ces convoyages et ces régates furent des journées longues et denses. Nous serons heureux de l’inviter à dîner ce soir pour marquer la considération que nous portons, nous marins d’occasion ou sportifs confirmés, aux skippers qui font naviguer les Pen Duick et nous offrent ces heures exceptionnelles. Sur cette mer habitée des équipages de rencontre forment tout de suite une équipe.

Merci à tous ceux qui nous le permettent.

Entre 18 et 20 heures nos bateaux étaient tous au ponton, rejoints dans la nuit par le VI. Beauté de cette flotte dans la lumière du Levant.

Guérande, le 16 août 2021,

Philippe Segretain

En mer je laisse traîner ces lignes...

par Philippe Segretain

"La Baule-Quiberon : les lecteurs de cette lettre ont tous vécu des navigations plus ambitieuses, mais la mer s’impose dès le moteur coupé Pointe de Penchateau : certes mer calme à peu agitée, ciel gris, bruine  et averses, banal oui, mais des éclairs strient la nuée rose du matin et donnent au paysage sa dimension ; oublie la côte, c’est l’horizon qui s’impose…

Basse Love, Le Four, Les Cardinaux, ces amers ont orienté nos parcours et nous situent dans la vie mais ce matin-là sur le Canal 16 de la VHF une voie angoissée, hachée, raconte une panne de moteur « à l’Est d’Hoëdic ». Patience, pédagogie, calme de la personne qui prend l’appel au CROSS d’Etel mais l’homme en panne ne sait rien dire de sa position, malgré la belle visibilité, et répète qu’il dérive. On finit par apprendre qu’il s’agit d’une vedette blanche qui fut ensuite repérée et ramenée au port mais tout se passe comme si le « permis bateau » ne vérifiait que la capacité manœuvrière au moteur sans exiger de capacité à comprendre, se situer, anticiper en mer…

Naviguer sur Pen Duick II, avec son skipper Maxime, et son agile second Simon est au contraire un beau moment d’intelligence de la mer. D’abord découvrir à la barre le II sous différentes allures, se faire piéger, comme un gamin sur son dériveur, par une saute de vent du SW au NW et gérer yankee et trinquette à contre, appel à la modestie. Et puis échanger avec le skipper : il avait su accueillir pendant Les Voiles de Légende à La Baule des soignants de Saint Nazaire heureux de leurs journées à bord. Et très vite on revient à sa stratégie : le bateau est attendu à Granville : de l’heure de la renverse à La Teignouse, au vent prévu le lendemain pour aborder le Raz puis le Four, une vision pragmatique se dessine.

Naviguer, certes et la lumière sur Quiberon était belle ce soir-là, mais se former aussi  auprès de marins plus seniors, un luxe.

Merci à l ‘Association"

Le 11/08/20

Les Pen-Duick à La Rochelle - juillet 2019

par Michel Bachellerie

"Lors de l’AG, Jean-Pierre COUTELEAU a évoqué l’idée de personnes ressources localement. Dès la fin de la réunion, je me suis manifesté auprès de lui, prêt à consacrer un peu de temps à cela.
De passage à Lorient en juin pour une « superbe virée dans les Îles» sur Pen-Duick III (c’est une autre histoire), j’ai confirmé ma disponibilité auprès d’Odile. Un contact téléphonique à Yan Salaün, l’un des journalistes de France 3 La Rochelle s’est concrétisé par un très beau reportage, Marius (skipper de Pen Duick III) l’ayant accueilli à son bord. Un passage de présentation à l’émission régionale du samedi puis un reportage plus étoffé avec prise de parole de Jean-Pierre, Marius et Mathieu le dimanche soir ont donné une bonne visibilité tant aux bateaux qu’à l'Association.
Une invitation avait été lancée auprès des membres locaux de l’Association pour se retrouver autour d’un film de Dominique Pipat et Laurent Cadoret "Tabarly, coureur d'océans", retraçant l’épopée des Pen-Duick et donc, cela ne faisant qu’un, la vie d’Eric. Ce fut l’occasion pour moi de réaliser quelques photos des bateaux sortis samedi pour accueillir l’arrivée de leur ainé, Pen-Duick. C’est l’une des premières sorties lointaines depuis sa restauration, Mathieu témoigne des premières constatations qui vont dans le bon sens (Cf : vidéo Fr3).
Je navigue régulièrement sur les Pen-Duick et j’ai eu l’occasion de témoigner de la magie « Tabarly » à bord. Cette fois, arpentant le quai de l’avenue Michel CREPEAU remontant des Minimes au Vieux Port pour les clichés, j’ai vécu l’émerveillement de passants anonymes qui apercevaient les Pen-Duick. Certes, il a fallu parfois remettre les choses un peu dans l’ordre au niveau des commentaires entendus. Mais la mémoire et les témoignages de sympathie pour Eric sont bien présents même si j’ai pu constater par ailleurs le manque de connaissance des plus jeunes générations. Il y a là un vrai challenge à relever au niveau de notre association.
Lundi mardi et mercredi, les pontons ont accueilli de nombreux rochelais et touristes ravis de pouvoir admirer ces bateaux de légende et toujours autant captivés par les récits et les échanges avec les skippers et leurs seconds renforcés par les membres locaux.
Mercredi les bateaux sont sortis à la rencontre des arrivants de la Coupe des 2 Phares - Patrick Schnepp (fondateur du musée maritime de La Rochelle) entre Douarnenez et La Rochelle. La remontée du chenal depuis Richelieu jusqu’au Vieux Port fut une parade pendant laquelle les Pen-Duick ont fait honneur à leur réputation. Invités d’honneur, placés en tête, ils ont été très applaudis par une foule dense massée sur les quais du Vieux Port. Il faut dire que les quatre bateaux apparaissant entre la tour St Nicolas et la tour de la chaîne, ça devait avoir, comme on dit familièrement « de la gueule ». La présence à bord de Pen-Duick V, ouvrant la marche, de notre président Jean-Pierre COUTELEAU y a également contribué !
Une belle nouvelle page écrite par les Pen-Duick et leurs équipages lors de ce passage en terre rochelaise. Vivement de nouvelles sorties (je pense à la Méditerranée…) pendant lesquelles la représentation contribue à toujours communiquer, témoigner et transmettre tant l’Homme exceptionnel que le patrimoine maritime unique qu’il nous a laissé."

Lien France 3 La Rochelle
https://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle-aquitaine/charente-maritime/la-rochelle/quatre-cinq-pen-duick-eric-tabarly-rassembles-rochelle-1699196.html

Régate La Trinité – Cowes, Juillet 2018.

François Tollemer

"Dimanche matin, D-Day, le grand jour est enfin arrivé ! Départ en train sous un soleil des plus estival pour La Trinité-sur-Mer. Arrivée l’après-midi au port, devant le siège de la Société Nautique de la Trinité-sur-Mer, Pen Duick III resplendit avec sa coque noire repeinte à neuf et son carénage blanc immaculé qui distille à merveille de magnifiques reflets aquatiques, le soleil radieux faisant le reste. Après avoir fait connaissance avec la majeure partie de l’équipage, nous allons prendre un verre en terrasse avec vue sur l’ensemble du port qui baigne dans une chaleur toute maritime et une ambiance de course. C’est l’heure de la préparation ! Les prévisions météo annoncent toutefois des conditions des plus clémentes, pour ne pas dire anticycloniques. En l’absence de vents significatifs, la régate serait susceptible de durer d’ici à Cowes…

Lundi, le petit temps annoncé semble malheureusement se confirmer… L’ambiance partagée par l’équipage au complet est néanmoins au beau fixe. Prenons un sandwich : quand l’appétit va, tout va ! Puis larguons les amarres pour s’aligner sur la ligne de départ, l’occasion de découvrir la propulsion de Pen Duick III sous grand-voile de misaine et wishbone avec spi. Très convaincante dans ce petit temps, en sorte que nous franchissons la ligne avec une bonne vitesse relativement au faible vent sur le plan d’eau. Après un trou de vent plus prononcé, nos concurrents directs, plus légers, filent, avant que nous touchions à notre tour la brise thermique, le long de la côte, qui nous permettra de revenir sur eux. Bravo à notre skipper et au tacticien qui démontrent que Pen Duick III est fidèle à sa réputation !

Dans la nuit, des dauphins jouent autour de la coque, offrant un ballet resplendissant, les gerbes d’eau engendrées par leurs déplacements étant toutes blanches réfléchissantes sous la lumière lunaire. Magie de la nature. Après ce spectacle de fin de quart, au repos dans ma bannette, le bruit de l’écoulement de l’eau sur la coque, inhérent aux Pen Duick, poursuivra l’heureuse réalité de ce jour devenu rêve tout au long de mon sommeil. Ce qui n’est à l’occasion pas sans me rappeler une certaine rythmique lue dans un livre d’Olivier de Kersauson, Ocean Song. La flotte passera la majeure partie de la nuit regroupée jusqu’au réveil, au phare de la Jument, où un fort courant marin l’éparpillera alors brutalement."

En ce mardi, à l’entrée du Raz de Sein, un choix des plus stratégique s’impose à nous : rejoindre Cowes par le large, plein nord versus prendre une option à terre, au nord-ouest, en passant par le Cap de la Hague ? Le vent est alors insignifiant. Après réflexion, ce sera finalement l’option plein nord qui sera privilégiée. Mercredi, à l’aube, après un magnifique lever de soleil, la « pétole » manifestement se poursuit pour définitivement perdurer tout au long de la matinée… Sous le soleil ardent, la mer est d’huile. Après des maniements à répétition du génois, du spi, des efforts non comptés de tout l’équipage et moult hésitations…, 13H sonne irrémédiablement l’heure de l’abandon avec la mise en route du moteur. L’excitation de la course laisse alors la place à des activités diverses et variées : pêche au maquereau, mots croisés,…, échanges radio avec d’autres concurrents en quête d’informations sur l’état du plan d’eau ou émanant du Comité de course. Le plan d’eau est une vraie mer d’huile, comme je n’en avais jamais vu, jusqu’à l’horizon… S’en suivra un quart de nuit intégralement passé sous les rayons lumineux du phare de Weymouth, que j’avais visité dans mon enfance. J’imagine sans peine les lentilles en mouvement à l’origine du faisceau lumineux.

Après une nuit des plus calme, mer d’huile, le calme plat ! Ce jeudi matin est cependant marqué par une arrivée à hauteur des mythiques Needles. Le moins que l’on puisse dire est que le décor est fidèle à sa réputation. Croisons de vaillants et émérites concurrents, toujours en course, sur de récents bateaux affutés, gréés de belles voiles carbones qui se font entendre à chaque manœuvre. Dans le même temps, privilégiant la course Cowes-Dinard à venir, les abandons se multiplient. Pen Duick III remonte le Solent à la voile et sur le pont, les manœuvres s’enchaînent à nouveau, dans la joie et la bonne humeur, jusqu’à son amarrage au quai d’honneur.

Malgré la faiblesse du vent, cette échappée belle partagée avec l’équipage et les quatre membres de l’association restera un souvenir immarcescible de navigation. Un grand merci à tous, Maxime, Brivaël, Tanguy, Tim, Patrice, Fred, Mikaël et bien évidemment à l’Association Eric Tabarly qui rendent possibles ces navigations. Trugarez-vras ! Bon vent et longue vie à l’ensemble des Pen Duick.

Saint Quay Portrieux

par Jean Le Gren

"Fin mai j'ai eu le plaisir de naviguer pendant deux heures sur Pen Duick VI, se fut un réel bonheur, et ceci grâce à un super Skipper SIMON qui a été d'une grande gentillesse.
Nous étions une douzaine de personnes étant le seul de l'Association j'ai demandé des bulletins d'adhésion à SIMON que j'ai distribué à chaque participant, certaines personnes paraissaient intéressées, j'aimerai savoir si cela à débouché sur de réelles adhésions ???
A la prochaine dans les Cotes d'Armor
Un grand merci à SIMON"

Navigations sur Pen Duick III et sur Pen Duick VI

par Marie-Fréderique Alalinarde

"Bonjour à tous,

Je prends enfin le temps de partager mon ressenti sur mes navigations à bord des Pen Duick entre avril et août ainsi que quelques photos.
Eric Tabarly un très très grand monsieur, surtout pour moi simple terrienne. Je me souviens avoir dévoré son livre "Mémoires du large" et y avoir découvert l'histoire de ses bateaux. Les "Pen Duick" ces mots donnent des frissons, donnent envie de prendre le large. Ces bateaux font parti de ceux qui m'ont fait faire beaucoup de kilomètres, parfois seulement pour les admirer à quai ou au mieux évoluer avec élégance sur l'eau.

Comme pour beaucoup de monde, cela n'était qu'un rêve. Je ne pensais vraiment pas avoir, un jour, la chance de naviguer sur l'un de ces mythiques voiliers. C'est une de ces lignes que l'on écrit dans un coin de sa tête, qui fait partie d'une liste réduite de moments précieux et magiques à vivre!
Et puis, lors du dernier salon nautique j'ai échangé avec Odile. Merci! J'ai ainsi découvert que c'était à portée de main. Incroyable! Lors du salon, j'ai bien sûr fait la visite de Pen Duick III avec cette sensation étrange : visiter un bateau hors de l'eau, dans un hall à Paris. Cela à moins de saveur que dans son élément, mais ce fût un beau moment tout de même. 

Décembre, janvier, février, mars, avril,...les mois se sont écoulés, et la date de l'assemblée générale est arrivée ainsi que les dates de croisières. Soulagement, certaines de ces dates correspondaient à mes vacances. Quelle chance! Je me suis alors inscrite pour la croisière du 29 avril au 1er mai.

Le 28 avril au matin, mon réflexe avant l'assemblée fût bien évidemment de passer voir les bateaux. Nous étions nombreux depuis le quai à les admirer. Dans l'après-midi, j'ai pu monter à bord de Pen Duick III pour une sortie dans la rade de Lorient. Être à bord de Pen Duick III et voir les autres évoluer, ce fût un moment fort, un moment magique!

Comme je devais embarquer pour la croisière du 29 avril au 1er mai sur Pen Duick VI, j'ai pu dormir à son bord le 28 au soir. Enfin dormir, c'était tellement fou d'être à bord. Le 29 au matin, nous avons appareillé. Ces trois jours furent fait d'échanges chaleureux et de bonne humeur. Nous avons eu plaisir à vivre ces moments uniques ensemble sur le bateau mais aussi à terre : promenades dans Sainte Marine puis sur Groix. Et pour moi une sensation d'une incroyable intensité: être à la barre de Pen Duick VI au large de Sainte Marine, debout sur les sièges, se cramponner à la barre et profiter de l'instant. L'envoi du spi au large de Groix a été le clou final de ces 3 jours. A la fin de notre croisière, j'ai eu dû mal à réaliser. Et pour être honnête, je n'en reviens toujours pas!! Reprendre la route ensuite fût compliqué.

Le 1er août, j'ai embarqué sur le convoyage d'une journée à bord de Pen Duick III entre Lorient et Noirmoutier. Après une grande partie au moteur, ponctuée par deux fois par la vue de groupes de dauphins, nous avons pu hisser les voiles vers 17h. J'ai eu la chance de barrer cet élégant voilier. Non sans peine, car je suis peu habituée à la barre franche et il réagit vite. Là encore, l'envoi du spi fût un instant magique. Notre arrivée tardive au port de l'Herbaudière ne me permit pas de repartir de suite. J'ai passé la soirée et dormi sur le bateau. Dur dur le départ le lendemain.

Sachant les bateaux à Pornichet lorsque je suis repartie de Bretagne une semaine plus tard, je n'ai pu résister au plaisir de passer les voir. A mon arrivée, ils évoluaient sur le plan d'eau juste devant le port de plaisance. Avant de reprendre la route, je suis allée les saluer ainsi que leurs équipages.

Merci à l'association, à son bureau, à ses membres actifs pour tout le travail accompli et ainsi nous permettre de naviguer sur ces magnifiques bateaux.
Merci à vous Gérard Petipas pour avoir mené cette association et à Jean-Pierre Couteleau d'avoir pris votre suite.
Merci à Odile pour son dévouement, sa gentillesse et son écoute.
Merci aux équipages de tous les bateaux pour leur accueil; et plus particulièrement : sur Pen Duick VI à Simon, Laurent et Tim; sur Pen Duick III à Maxime et Brivaël; pour leur patience, leur écoute, leur bonne humeur et leur professionnalisme.
Merci à mes co-equipières et co-équipiers; pour les moments chaleureux, les conseils, les témoignages : sur Pen Duick VI : Claire et Jean-Claude, Sophie, Vincent, Damien et Christian (Tintin); sur Pen Duick III: Justine, Julien et Tanguy.

Au plaisir de se recroiser en mer ou à terre!
A bientôt.

Marie-Frédérique"

Saison 2019

Régate La Trinité – Cowes Juillet 2018

par Patrice Unal

"Rendez-vous dimanche soir à La Trinité au quai des grands voiliers !
Le jour dit, nous retrouvons Pen Duick III amarré sur ce quai prestigieux, entouré de bateaux de courses renommés.
Nous sommes huit à bord de Pen Duick III Maxime le skipper, Brivaël le second, Tanguy le navigateur/tacticien, Tim le matelot bondissant et efficace, et 4 membres de l’association : Fred, Mikael, François et moi.
La course la Trinité Cowes (350 miles) organisée par la SNT, permet aux voiliers qui veulent participer à la course du RORC COWES-Dinard, de se rendre sur l’ile de Wight en course. Il n’y a pas de marque de parcours, il faut contourner la Bretagne, traverser la Manche et remonter le Solent.
Le lundi matin après le Briefing et quelques courses, nous embouquons la rivière du Crac’h destination la ligne de départ. Pen Duick III est ici chez lui…
Le vent de nord-est au moment du départ nous promet du portant, nous préparons donc le Spi et la fameuse grande misaine (voile carrée, tenue par un wishbone établie entre les 2 mâts). Quelques minutes avant le départ tout est hissé et c’est bien lancé, tout dessus que nous franchissons la ligne.
Après une période de flottement en raison d’un vent faible et instable, et suite à une bonne option de notre skipper et du tacticien, nous attrapons enfin une veine de vent le long de la pointe de Quiberon et prenons la direction de Penmarc’h.
Les chevaux sont lâchés : tiré par sa grande misaine, très performante et son grand spi, Pen Duick III bien calé sur son bouchain accélère et remonte certains de ses concurrents. Chez ceux-ci, les appareils photos sont de sortie pour immortaliser le passage de la mésange à tête noire numéro 3 dans toute sa beauté.
En fin de journée nous avons droit à un dîner roboratif, très apprécié (merci au skipper à son second !) c’est une tradition sur les Pen Duick on mange bien quelles que soient les conditions ! C’était déjà le cas du temps de Eric Tabarly paraît-il.
Il faut maintenant s’organiser par quart de deux, le skipper et son second étant hors quart prêts à intervenir. La course se poursuit avec des barreurs concentrés et des équipiers optimisant les réglages des voiles.
Pour ceux qui sont hors quart, c’est le moment de rejoindre les bannettes pour récupérer. La rêverie aidant, nous y sommes avec Eric T, Olivier de K, Gérard P, et beaucoup d’autres qui, sur toutes les mers du monde, ont, eux aussi, réglé l’inclinaison de leur bannette en fonction de la gite et se sont endormis bien calés contre la coque, confiant en Pen Duick III qui transperce les vagues sans ralentir .
A Penmarc’h Max et Tanguy décident de passer au vent de la flotte en s’enfonçant dans la baie d’Audierne pour bénéficier du contre-courant favorable. Bien vu ! à l’entrée du Raz de Sein, mardi au petit matin, Pen Duick est dans le premier tiers au contact avec les meilleurs.
Mais il faut maintenant tirer des bords et remonter plein nord contre le courant et contre le vent mollissant, mollissant…
Nous nous accrochons et parvenons à sortir du Four dans l’après-midi avant la renverse.
Il y a maintenant une option a prendre pour traverser la Manche : passer au nord ou au sud de la DST (zone de séparation du trafic). Notre skipper décide de passer au nord pour essayer de limiter les effets de la bulle sans vent qui couvre alors toute la Manche. Ce sera en définitive le choix de la majorité de la flotte.
Mais peine perdue, après une nouvelle nuit d’effort pour faire avancer le bateau sans vent au milieu du rail montant et descendant, il faut se rendre a l’évidence : compte tenu de l’absence de vent pour les heures à venir, confirmée par les prévisions météo, nous ne pourrons pas arriver à Cowes avant jeudi soir, heure de fermeture de la ligne d’arrivée. Avec beaucoup de regret, et comme la majorité des concurrents, nous décidons mercredi en fin de journée de mettre en route le moteur pour rejoindre l’ile de Wight.
Jeudi matin, nous sommes au niveau des Needles et bénéficiant d’une petite brise côtière et d’un courant favorable, nous réussissons à remonter le Solent, à la voile, jusqu’à l’entrée dans la marina de Cowes. Nous entrons dans cette marina mythique, toutes voiles hautes, pour le plus grand plaisir des photographes locaux qui reconnaissent et mitraillent Pen Duick III.
Pen Duick III est maintenant amarré à « sa place » au quai d’honneur entouré de magnifiques voiliers classiques, qui préparent la Classic Week of Cowes et de voiliers modernes, très affutés qui participeront à Cowes Dinard le lendemain.

A la soirée de fin de régate Antoine Croyère, président de la SNT (et administrateur de l'Association Eric Tabarly), se réjouit de la participation de Pen Duick III à cette régate, félicite chaleureusement Maxime le skipper et provoque les applaudissements de l’ensemble des concurrents et la fierté de l’équipage qui arbore les couleurs (chemises) de l’Association Eric Tabarly.
Une belle semaine se termine, merci à Maxime , Brivaël et à tout l’équipage, très compétent et très sympathique. Merci à tous ceux qui ont rendu cette semaine possible.
Longue vie aux Pen Duick sur toutes les mers et longue vie à l’Association qui leur permet de naviguer."

Lorient-Bordeaux, juin2018

Inconnu

"13 juin 1976: Un lycéen se rêve participant à l'OSTAR en contemplant au dessus de son bureau le poster de Pen Duick VI et son légendaire spi rouge et noir .
13 juin 2018: quelques années plus tard et beaucoup de leçons d'humilité marine, le lycéen devenu adulte debout sur son rêve et contemple ce même spi rouge et noir qui enfle et fait voler la "Mésange Noire" à plus de 12 noeuds sur la Gironde!
Quelques heures plus tard, alors que Pen Duick gîte pour rejoindre le Port de la Lune en plein coeur de Bordeaux, l'Hermione rend le plus beau des hommages à Eric Tabarly en tirant un coup de canon sous les applaudissements de son équipage.
Quel symbole et que d'émotions vécues depuis Lorient, malgré les trombes d'eau de la nuit et la nausée du "trop terrien", pour ne conserver que l'extraordinaire équilibre de la carène dont l'étrave est un terrain de jeu pour les dauphins!


Merci à vous commodore Petipas et tous ceux qui ont fait que les bateaux d'Eric fendent les flots plutôt que les regarder pourrir au fond d'une ria ou d'un port.
Merci à toi Simon, skipper aussi discret et drôle qu'intelligent et talentueux, tout comme à Laurent et Tim, sans oublier l'adorable Odile.
Merci à toi mon frère qui vient de me permettre de vivre un rêve de toujours!"

Convoyage à Bordeaux 10 au 14 juin 2018

par Michel Bachellerie

"Encore et toujours les mêmes sensations ressenties en navigant une nouvelle fois sur le magnifique Pen Duick VI. Je me répète à chacun de mes commentaires de sorties mais ce bateau, comme j’imagine tous les Pen Duick ont une âme, une présence. Le charisme de celui qui en a fait des légendes et qui a suscité tant de vocation opère ! Nous en débattions Katel et moi pendant la descente de la Gironde, il se passe quelque chose entre les personnes présentes à bord ; Katel a eu la bonne formule : « Par rapport à tout ce que représente le bateau et toutes les émotions qu’il procure, il est impensable et il serait indécent que les navigations se passent autrement que dans l’harmonie constante et la bonne humeur ». J’ajoute que les qualités tant professionnelles qu’humaines des permanents Simon, Laurent et Tim y contribuent aussi grandement.
Convoyage très spécial puisque les hasards du calendrier font que nous sommes à bord ce 13 juin, journée très particulière pour notre association… Nous quittons Royan avec le Pavillon National ceint d’un ruban noir que nous porterons jusque sur les quais de Bordeaux. J’ose écrire ici que lors d’un apéritif improvisé ce 13 juin, l’un d’entre nous, nous a invités à porter un toast à la mémoire de celui qui est à l’origine de notre présence aujourd’hui sur ce pont. Si cela choque quelqu’un en lisant ces mots, je m’en excuse par avance mais la spontanéité et l’émotion ressenties traduisaient alors notre respect et notre humilité quant à la personne honorée.
La descente de la Gironde est fort agréable. Sous spi à 12 nœuds avec l’aide du courant de flot, nous embarquons, grâce à la participation du canot de la SNSM de Paulhiac, deux passagères du service communication de la Banque Populaire d’Aquitaine. Elles filment et diffusent en direct sur le site local de la banque.
L’arrivée sur Bordeaux est un moment grandiose. C’est toujours sous spi que nous abordons le pont d’Aquitaine. En attendant l’ouverture du pont Chaban-Delmas, nous rejoignons Pen Duick II et c’est à ses cotés que nous le franchissons de nouveau. Après le pont Chaban-Delmas, nous faisons le spectacle en tirant des bords en virant au plus près des spectateurs présents en grand nombre sur les quais. Nous sommes salués au canon par l’Hermione déjà à quai. N’étant pas certain de pouvoir passer sous le pont de Pierre (un peu d’humour, ça ne fait pas de mal), c’est au quai de la Lune devant le Miroir d’eau et la place du Commerce que nous amarrons les deux Pen Duick.
Le lendemain nous recevons des groupes de la BP d’Aquitaine. Nous sommes plusieurs à proposer notre aide pour l’accueil et les visites. La MAGIE Pen Duick opère; Les questions sont nombreuses, l’émotion est certaine, parfois même visible. L’étonnement face à certains de nos commentaires voire l’émotion que suscite notre récit est palpable; Les uns découvrent la bannette et la table à carte toujours horizontale, d’autres s’émerveillent de l’astuce et de l’intérêt de la « selle à cuisiner». Les yeux se froncent à l’idée que nous sommes 14 à manœuvrer alors qu’Eric Tabarly a remporté la Transat 76 en solitaire !
Certaines personnes que nous retrouvons le soir à la réception Banque Populaire à laquelle nous sommes conviés, nous interpellent et nous questionnent encore dans le prolongement de leur visite.
Encore et toujours une immense reconnaissance à tous ceux qui œuvrent afin que perdure cette aventure. Un grand merci aux trois bonhommes qui inspirent autant de confiance à bord, qui nous supportent et nous conseillent avec efficacité et bonne humeur. C’est que du bonheur !
Bonne navigation et profites bien Simon de ton périple dans le grand nord, bons quarts de nuit à toi Laurent pour pouponner et enfin bon séjour à la fois dans la physique et chez les « british » pour toi Tim.
A bientôt,"