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"« C’était en 1977, j’avais vingt-deux ans. J’avais embarqué un an plus tôt à bord de Pen Duick VI. Nous quittions Los Angeles, cap sur l’archipel des Marquises, lorsque Eric me proposa d’illustrer le Guide de la manœuvre auquel il travaillait depuis je ne sais quand. C’était un temps ou l’on prenait son temps et Eric, en ce domaine aussi, était le plus grand capitaine de son temps.
Je me souviens, nous avions appareillé quelques mois plus tôt à Concarneau pour relâcher au port de Mohammedia au Maroc avant la traversée vers les Caraïbes. Nous avons égrainé les îles une à une, en se dérouillant paisiblement au passage avec quelques régates de la semaine d’Antigua… Et puis nous avons abordé l’Océan Pacifique par le canal de Panama. Le prétexte de cette douce croisière était de participer à la course Los Angeles – Honolulu. Nous en fûmes exclus avant même de franchir la ligne de départ au prétexte que la quille de Pen Duick VI n’était pas exclusivement en plomb et n’était donc pas règlementaire. Eric s’indigna grandement de l’hypocrisie des organisateurs, mais comme à son habitude, son indignation passagère fut aussitôt oubliée et il retrouva le sourire : il nous annonça que nous allions lever l’ancre sur l’heure pour les archipels de la Polynésie française. Il avait décidé de rejoindre par le chemin des écoliers la Nouvelle-Zélande pour prendre, six mois plus tard, le départ de la troisième étape de la Whitbread, Auckland à Rio par le cap Horn.
Ainsi nous sommes-nous mis à l’ouvrage du Guide de manœuvre, croisant entre les Marquises, les Tuamotu, les Gambiers et les îles Australes, jusqu’à Tahiti. Je présentais à Eric des esquisses qu’il corrigeait minutieusement pendant des heures sur la table à cartes. La plupart de mes dessins témoignaient de ce que nous vivions au jour le jour sur le pont de Pen Duick VI. Le chapitre échouage était notamment très documenté au quotidien, car Eric était tellement curieux de rivages nouveaux que je ne me souviens pas d’une escale où nous ne nous soyons pas échoués… Je faisais poser mes camarades d’équipage et l’on reconnaîtra page après page, Philippe Poupon, Jean-Louis Etienne, Jean-François Coste, Olivier Petit, Marc Pinta… Nous ne savions pas vraiment de quoi seraient faites nos futures existances, mais nous vivions des jours heureux sous les ordres du capitaine le plus prestigieux et le moins autoritaire qui soit.
Je posais sac à terre à Papeete durant deux ou trois mois, pour réaliser les rendus des ébauches annotées par le maître avant de regagner le bord à l’île des Pins, en Nouvelle-Calédonie.
Eric examina mes planches une à une et à la fin, il m’a dit… « C’est bien ».
C’était un sacré compliment.
Treize ans plus tard, il m’a honoré une seconde fois à sa façon. Pour fêter ma victoire dans le Vendée Globe, il avait invité à déjeuner tout l’équipage de l’époque en sa belle demeure des bords de l’Odet et m’avait assis à sa droite. J’en conserverai toujours la fierté. »"
"Guide de la manœuvre" Editions Le Télégramme
"Royan Horta, Juillet 2011, ou 17 jours à bord de Pen Duick II.
L’équipage, dits les stagiaires, posent leur sac à bord le soir du 14 juillet à Royan, et nous pouvons jouir de la paëlla offerte aux Pen Duick, ainsi que du feu d’artifice ! Point météo : fichiers gribs, France Inter, on dit, …De toutes façons pas d’avis de coup de vent en cours ni prévu , et à part le vent dans le pif pour faire route au 240…on s’arrêtera à la Corogne pour faire le plein de frais, et en 10 jours de mer environ on sera dans l’archipel des Açores.
Vendredi 15 juillet au matin, pain frais et plein de gazoil, pour s’extraire ensuite du long chenal de la Gironde, au moteur, jusant de rigueur et vers midi dernière bouée de chenal, on peut mettre le génois, et hop un beau cap au….180, enfin le temps de déjeuner. Jusqu’au soir on remonte vers le Nord, on a compris, ce sera 2 fois la route….
Hélas les modèles prévus par Météo France ne doivent pas suivre, le vent ne tournera pas dans la nuit, et bien au contraire restera WSW pour monter d’un cran. Au petit jour après la première nuit en mer, Trinquette et Artimon, Pen Duick se taille une route facilement avec plus de 30 nds, la mer commence à se former… Journée du 16 juillet, on attendra la météo, pour comprendre que la dépression est sur nous, et que les choix sont bien restreints, sauf à faire route. A la tombée du jour on vire pour faire du Sud et passer la faille du plateau continental.
Deuxième nuit en mer, un grain toute les heures, le vent siffle dans les haubans, une partie de l’équipage s’est muni d’un seau, le diner est vite digéré…La nuit est plus longue
Dimanche 17 juillet, au petit matin, on est à 2 sur le pont, François monte de temps en temps prendre l’air et un peu de barre, la consigne « abats bien en haut de la vague ! » . Bruno a disparu de la circulation…mais reviendra en soirée, ah mal de mer quand tu nous prends !
David estime à 6 m les creux, l’anémo pointe à 38nds, une ou 2 déferlantes, balaient l’arrière, enlève perche Ior, etc…. Rien ne décourage David et manœuvre de récupération de la dite perche,.. j’attrape par bâbord, à la main, ce machin jaune gonflée d’air, et c’est reparti. On découvre le Skip…Il est bon.
Mais vous connaissez aussi le Golfe, et Grand Jacques, Erwan et tutti quanti , ne croyaient pas si bien plaisanter : « Alors une belle b… vous attends ?.... » et autres calembours ,….
Bon alors, on fait route sur Gijon 80m plus bas ? « Allez tout le monde récupèrera et le vent tournera bien…et puis on fera du frais ; au fait Gerfault (Ketch de la classic Douarnenez Horta) y va aussi ils ont une avarie ; P… ça bastonne aussi plus au nord, dans la flotte de la classic , 3 abandons,… ». On a eu l’organisateur au téléphone…
David le contactera tous les midis, pour donner notre position, grâce à l’Inmarsat, outil récemment acquis, qui se substitue à la balise Argos dont les autres bateaux de la course sont équipés. Pen Duick est bien préparé, et cela mérite d’être souligné.
Le Dimanche 17 juillet au petit jour, route au 200 environ, et à minuit nous amarrons Pen Duick au ponton visiteur, pour un repas chaud et une nuit de récupération. Belle entrée en matière. Le golfe de Gascogne est fidèle à sa réputation, et…Pen Duick aussi. C’est sur qu’Eric l’avait dessiné pour de l’atlantique Nord, pas les alizées…D’ailleurs à moins de 15 nds, la courbe polaire doit pas être bien gonflée. «Quel canot'» me dis-je en mon fort intérieur, sans GV, dans la piaule manœuvrer comme ça, c’est bien calculé !
Capitainerie du port de Gijon, Pen Duick est déjà enregistré, Gwen y est passé un jour, plein de douches, eau, repos, frais, et un beau miroir pour se raser à bord !!! Quel classe cet équipage. Bruno, à mentionner, est équipé d’un rasoir électrique !!! du jamais vu, il aurait presque un générateur dans son sac ce garçon ! Enfin un diner à une table de restaurant, et un verre au bar de nuit du coin !!! Il pleut dru cette nuit la, et le vent ne mollit pas.
Mardi 19, 12h un bateau des douanes nous accompagne jusqu’à la sortie du môle, nous et Gerfault, ils nous saluent, petit contrôle visuel, respect, et nous envoie un bulletin météo en anglo espagnol ! On comprends vaguement « force 6 / 7 sur Finistère » !
13h, la voile d’artimon se déchire de bout en bout au niveau de la deuxième latte….Plan couture, à mer ou à terre en vue…Mais regardez ce beau bout de toile fluo orange gréé pour nous permettre de continuer la route, c’est pas beau ça ? Allez réparation à la Moitessier, David ne recule devant rien, et la nuit nous amènera toujours de l’Ouest, ça ne tourne toujours pas au Nord…Nuit à tirer des bord, on passe le cap Penas, et le lendemain matin, on commence à distinguer estaca de barres. Un peu de soleil, enfin pour le déjeuner, depuis 4 jours on n’en n’avait pas vu…Mais, mais, en soirée grain, temps bouché, on approche du Cap ortegal, on le passe, mais ça recommence, et puis la voile d’artimon, en réparation ...coups de boutoir aiguille à la main, c’est pas terrible ! Gerfault un peu derrière nous, décide de passer la nuit dans la ria de Viveiro. On le rejoint, et l’entrée large, fait à partir de la routière est parée aisément ; le soir on consulte les grib’s, chargés par Gerfault qui nous indiquent un passage des vents au NNW, dans la nuit ; on ne sait plus y croire, on verra demain.
Jeudi 21, 10h on dérape, et enfin cap au 270, sans coup férir…1000 milles à courir !!! Droit devant , enfin on a «dégolfé » ! Maudits vents de SW !!! On aura fait 80/90h de près depuis Royan et 500 miles environ,
à 18h on aura la Corogne dans le 180, avec un cap au 255, indiqué par le GPS pour Horta. Mais pas de couché de soleil, pas d’étoiles, oh !!!! faut pas trop demander quand même, on vient de quitter l’Ecosse du Sud…..
Passons aux choses plus sérieuses, les menus, la cave, D’abord un bonne bière, méritée et on démarre par une belle omelette pomme de terre, arrosé du cubi de Bourgueil, et à 22h début des quarts, avec un café expresso quasi «made in Italia» Tutto bene !!!!!!!!! cette nuit de 22h à 8h, on avale 80miles, ciel bas, seul dans la nuit avec PenDuick II entre les mains, c’est magique.
Volet sécurité : David, nous présente les procédures, les équipements, et les bidons étanches de survie sont préparés.
Samedi 23, à plus de 200miles dans l’WSW du cap Finistère, nouveau record sur 24h ce samedi 23, 174milles…
Dimanche 24, 11h du matin, Ciel gris, crachin, le vent tombe à 15nds passe au NNE, nuit d’encre, on dort mieux, on fait avancer le bateau, alors on envoie le spi, non les spis oranges et noirs en «trinquette jumelles», voile d’étai, enfin de l’art, Bateau d’une autre époque, on se sent bien à la barre !!!!!
Lundi 25, vents de 6 à 10nds, on envisage une arrivée sur Horta vers jeudi, le baro est stable à 1030mb, les Corsaires du Levant de Perez Reverte me tiennent compagnie, un premier point astro avec l’aide de David, premiers intercepts à 35m, le deuxième à 2m, c’est mieux, travaux de cuir pour David et François, Bruno lit Vito Dumas et projette de modifier son Maraudeur….les iliens de Houat n’ont qu’à bien se tenir cet hiver… A 18h, Horta est à 370m devant ! On a quand même mis les shorts !
27 juillet, Journée avec peu de vent, il est au dessus de nous l’ANTICYCLONE, on réalise la signification réelle de ce mot, l’esprit divague, repos, nav, réglages, cuisine et la journée est passée. Cette nuit on atterrira sur Terceira la plus au NE de l’archipel, car le Vetus nous pousse à 3,5 nds à 2400 trs/mn…l’hélice à «pitch» moderne a une trainée si faible…..les commerciaux sont bons, mais la technique , ….
7éme journée en mer bouclée ce jeudi 28 juillet à 9h du matin , 920miles derrière nous, pas mal non ? quand un anglais au ponton de Terceira nous envoie promener , «so british»….on se mettra à couple d’un Bavaria «françois», plus aimable !!! à 14 h TU, (et locale) on repart , risée Vetus, vers Horta, 80 m plus loin.
Nuit du 27 au 28 juillet, visi. inférieure à 1m, heureusement pas de navigation dans le canal saint Georges, un pêcheur dans la nuit, beaucoup de dauphins, le soir et le matin, et au lever du jour, arrosage de bruine sur le pont, les cirés à rincer, le Mont Pico, la tête dans les nuages, «il a une tête de camionneurs» me dit Bruno toujours poète, après ces heures au moteur, mais on est heureux, Pen Duick II revient à Horta 47 ans après, nous dit David, on est fier.
Accueil à Horta, 14h locale du vendredi 28 juillet : Une fête en l’honneur du Pen Duick, Bravo, casseroles, applaudissements, le ketch noir est à l’honneur, et nous on bénéficie d’une bonne bière bien fraîche, en attendant les sardine grillées de ce soir au club house de Horta avec les équipages de la classic!
Gwen met pied à bord, questionne David, le retour en course Classic Douarnenez Horta, …tu verras, nous on a tout eu, où presque, mais tes bouteilles de vin se sont cassées dans la piaule, dommage !
Au revoir, Pen Duick II, sur un autre parcours, un Belle île-Santander pour faire revivre les grands moments ? Le III sur une autre Classic ?
Ce fut un succès et l’Association et l’ENV le méritent bien !"
De Paris, La défense, atterrissage dur dur…, ce 3 aout 2011
"J'ai assisté pour la première fois à l'assemblée générale cette année 2011. C'est mon père Joseph 82 ans, fusillier marin en retraite qui m'a demandé d'adhérer à l'Association pour prendre le relais. Je ne manquerai pas de prendre la suite.
Nous avons fait une sortie ensemble sur Pen Duick VI.
Inoubliable instant partagé avec mon père et l'équipage.
Merci à Arnaud pour sa grande gentillesse.
A l'année prochaine c'est sûr.
Bien cordialement."
"Bonjour,
Je souhaite remercier l'Association pour m'avoir permis de naviguer, par une météo estivale, sur Pen Duick III le 30 avril.
Pen Duick III est, pour moi, le plus beau ; mais ce qui dépassait tout, ce fut de voir la flotte des Pen Duick en rade de Lorient, voilure haute et si fiers !
Nombre de plaisanciers ont partagé ce spectacle ; je n'ai pu compter le nombre d'appareils photo !
Un grand merci à Erwan pour nous avoir fait participer aux manœuvres tout en gardant son calme.
Cette journée est inoubliable. Encore merci."
"Août 2009, port de St Cyprien, 41 ans se sont écoulés, depuis mon service militaire dans la Marine Nationale à Brest, et surprise, des voiliers à coque noire s’approchent !
Je n’en crois pas mes yeux, seraient-ce des « Pen Duick » ? Et oui, « Pen Duick II, III, et VI » pénètrent dans le port. Des souvenirs resurgissent, et Eric Tabarly se rappelle à ma mémoire.
Il faut à tout prix que j’essaie de naviguer sur « ses » voiliers, et là problème, plus de place, réservé aux adhérents !
Je prends alors contact avec Denis Löchen, et connaissant le skipper de la vedette de la SNSM, je m’arrange pour faire les photos des trois « Pen Duick », sous voile, en mer, et oui, je suis aussi photographe amateur.
Mais là, de retour vers midi au port, le vent se lève méchamment (la tramontane pour les connaisseurs) et plus possible de sortir les « Pen Duick » l’après midi, la passe du port se révélant trop dangereuse. Et là mes espoirs de naviguer s’envolent.
Dès lors, je décide d’adhérer à l’Association Eric Tabarly.
Juin 2010, un mail de Denis se rappelle à moi, une sortie de « Pen Duick III » est prévue mi-Juillet, de Lorient à Douarnenez. Pas d’hésitation, le destin me sourit enfin, je crois que je suis le premier à répondre présent !
Le 19 juillet, dans l’après midi, je suis enfin à Lorient. Accueilli par Mariannick, je prends mes quartiers, pour la nuit sur « Pen Duick III ».
Dormir sur un bateau de légende, je ne vous raconte pas !!! Je ne sais pas « quoi », mais j’ai eu du mal à réaliser, et aussi à m’endormir.
Le 20 juillet, au matin, l’équipage arrive et commence à se constituer, Erwan, le skipper, en tête.
Derniers préparatifs, et en fin de matinée, nous sortons, enfin, du port de Lorient, en « route » pour l’aventure !
Une fois les voiles en place, après une rapide formation d’Erwan, le voilier commence à donner tout son « jus », comme on dit chez les Ch’tis, eh, oui, je suis aussi Ch’ti, natif de Lille !!!
Grand voile, Misaine, Trinquette et Yankee commence à n’avoir plus de secret, l’équipage (Philippe, le sous-marinier, Guy, Bruno, Luc, et moi même), donne dans « l’huile de coude ». On se réparti les tâches, et personnellement, je m’attaque au premier déjeuner, en laissant provisoirement mon appareil photo de côté!
L’après midi en mer fut un régal, çà faisait pas mal de temps que je n’avais pas mis les pieds sur un voilier, et quel voilier, une machine à gagner !
Mes derniers bords furent tirés en 1969, dans la rade de Brest, sur des voiliers d’officiers, des « Requins » (histoire de leur « aérer » les voiles) !!!
Depuis une quinzaine d’années, je naviguais sur des bateaux à moteur, pour pratiquer, une de mes occupations d’été, la pêche sportive (FFPM) au tout gros !
Fin d’après midi, arrivée à Bénodet, port célèbre, toujours dans le souvenir d’Eric. Nuit au port, avec une péripétie dans la nuit, par manque de place un voilier se met à couple avec nous, en pleine nuit, et perturbe quelque peu le sommeil de l’équipage !
Le 21 juillet, de bon matin, dès 6H00, c’est nous qui les réveillons, pour un appareillage matinal. Et c’est reparti pour une autre journée en mer !
Et là, revue navale de toute la côte bretonne, par tribord, baie de Concarneau, et par bâbord des iles des Glénans, puis la pointe de Penmarch.
Ensuite, cap sur le « raz de Sein », mais dans l’intervalle, un bon petit grain vient nous rafraichir, cela nous permettra d’enfiler les vestes de mer aux couleurs de « Pen Duick III », pas peu fier, le Ch’ti !
Puis nous laissons, par tribord, les phares du « raz de Sein » et nous « plongeons » dans la baie de Douarnenez. Là, déjà, prémices de fêtes, on commence à croiser de vieux gréements.
Arrivée à Tréboul, avant le port devant Douarnenez, on se trouve une place sur les quais, pas facile, il commence à y avoir du monde !
Notre voisin de quai, un voilier breton, pas tout jeune, porte un nom bizarre : « Krog e Barz », après traduction, cela ressemble assez à ce que l’on dit chez les Ch’tis « Saqu’ ed din », en français dans le texte : « fonce dans le tas », « tape dedans » !!! (croche dedans)
Là, dîner dans la crêperie bretonne du coin, particularité, les murs sont décorés avec les coques des « Pen Duick » !, puis on s’endort à bord, en attendant la marée du lendemain pour pouvoir pénétrer dans le port de Douarnenez.
Le 22 juillet, on est d’attaque pour entrer dans le port de Douarnenez, mais il nous faudra attendre l’ouverture de l’écluse, vers 13h15. Nous serons dans les premiers à entrer, sous les flashes des appareils photos, succès assuré pour Pen Duick III.
Anecdote, au passage de l’écluse, un photographe me lance « mais qu’est ce que tu fous là, Jacques ! »
Et, là surprise, mon ami Patrick Debétencourt me canarde, enfin, il canarde « Pen Duick III »
Il ne faudra pas longtemps pour qu’il nous rejoigne à quai, afin de négocier une virée à bord !
Photographe depuis des années, entre autres des « Pen Duick », et n’ayant jamais eu cette opportunité, il me sollicitera pour que je plaide sa cause auprès d’Erwan, ce qui se fera pour la prochaine sortie en mer qui aura lieu le samedi.
Le 23 juillet sera une journée de relâche, l’équipage ayant quartier libre pour « s’imprégner », en tout bien tout honneur, de la fête, visite des vieux gréements, de « Pen Duick », au quai d’honneur.
Mon souhait, rencontrer une prochaine fois Jacqueline et Marie Tabarly.
Le 24 juillet, enfin la journée de sortie en mer, mais marée oblige, il nous faudra attendre 14 h pour quitter le quai !
Là, l’équipage s’est sérieusement renforcé, en plus de l’équipage de « base », se sont joint Mariannick, François, Claude, membre de l’association, et Arnaud, ex second du « Pen Duick III » et bien sûr Patrick, mon ami photographe.
Nous sortons, encore une fois dans les premiers, l’impatience est à son comble.
Nous passons en revue bateaux et spectateurs, la Belle Poule (çà me rappelle Hourtin, et ensuite la Préfecture Maritime de Brest, et l’autre goélette, « l’Etoile »), son équipage, et ses officiers, j’ai cru voir deux amiraux « Cinq étoiles » à bord, puis « Pen Duick », avec son équipage et Jacqueline Tabarly, et nous passons enfin l’écluse, direction la baie de Douarnenez.
Et là, le bonheur à l’état pur, de magnifiques gréements, petits et grands, les « Bisquines » et notre « Pen Duick III », toilé et bordé au maximum, et nous taillons des « boulevards » à tout le monde, avec notre vitesse.
Pen Duick, régatera également un moment avec nous !
Je ne vous raconte pas l’immense joie de Patrick, le photographe, on se tirera d’ailleurs le portrait réciproquement !!!
Voilà, « min p’tit témoignage » de cette semaine inoubliable.
A quand la prochaine sortie ?"
les photos sont ici: http://picasaweb.google.fr/UcaToy/PenDuickIIILorientDouarnenez?authkey=Gv1sRgCNSoz7u9rc3VmAE&feat=directlink
"Bonjour à tous,
Eté 79, La Trinité sur Mer. J'ai 20 ans et ai la chance de monter sur Pen Duick VI. Hélas, nous ne quitterons pas le quai où il est amarré.
Bien des années plus tard, lors de l'AG 2010, j'ai l'immense joie de monter à bord d'un des Pen Duick pour une sortie en mer. Immédiatement mon choix se porte sur Pen Duick VI, voulant concrétiser mon rêve commencé 31 ans plus tôt.
Dès les premières manœuvres les émotions me submergaient, me rendant incapable de communiquer avec les autres tellement le plaisir d'être là était fort. J'étais comme un gamin le matin de Noël devant « le » jouet.
Très vite l'exigence du bateau réclamait des prouesses physiques que je ne soupçonnais pas. Mon corps n'avait pas l'habitude d'être tant sollicité.
Quand j'ai reçu le programme d'été, mon choix se porta tout de suite sur la Lancel Classic. Je voulais relever le challenge de régater sur Pen Duick III. Les émotions ressenties quelques temps plus tôt étaient encore fraîches. Je ne fus pas déçu ; des changements de bord à répétition : virements, empannages, des changements de voiles d'avant, des envois de « psi » sur 2 tangons, et bien d'autres manoeuvres encore.
« pas besoin d'être marin, la passion et l'envie suffisent » disait la brochure !
J'ajouterai qu'une bonne condition physique est indispensable pour participer aux manœuvres sans se sentir un poids ou mettre en danger l'équipage. S'adonner aux plaisirs de la navigation sur des bateaux mythiques que nul autre propose se mérite...
Je me suis retrouvé au milieu d'un équipage aguerri, le skipper Erwan, son second Philippe l'embraqueur, son troisième Jean-Marc marin (voileux) de métier, Claude et Thomas (équipier sur Pen Duick) partis trop tôt, Pierre Marcel (dont je vous recommande le film à voir ou à revoir
http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=30095.html) et la mascotte du bord Alizé Thiercelin.
C'est simple : Sécurité pour l'équipage, sécurité pour le bateau, engagement physique, vie de bord, tous les ingrédients sont réunis pour partager un bon moment.
On a sué dans les manœuvres, mais on y est allé, c'était un régal.
« La voile c'est comme le vélo, ça ne s'oublie pas » m'a dit Jacqueline Tabarly. Et elle a raison, ça revient vite.
Merci à Eric pour son amour des bateaux, des beaux bateaux rapides, merci à ceux qui ont pensé à partager au travers de l'association cette passion, merci à Jacqueline pour son engagement, merci à Marie dont j'ai pu mesurer le plaisir réel de naviguer sur Pen Duick et uniquement Pen Duick. « Son Optimiste à elle » pendant une conversation lors d'un dîner.
Merci à tout l'équipage avec lequel j'ai pu naviguer et notamment Pierre pour l'organisation des manœuvres de la plage avant.
J'ai mal aux mains, aux bras, aux jambes, c'est promis je ré-embarque demain.
En attendant je vais me préparer un peu physiquement pour ces bateaux exigents pour que le plaisir soit décuplé...
Bon vent à tous"
"Bonsoir,
Au lendemain de mon déplacement sur Lorient pour assister à l'AG de l'Association et surtout naviguer à bord de Pen-Duick VI, je tenais à vous remercier pour l'organisation de cette journée ensoleillée et pleine de joie.
Voici 3 ans que je suis membre actif et j'en suis très satisfait. Votre convivialité, votre simplicité et votre esprit d'équipe de "mer" pérénnisent le fil (bleu banc) rouge d'Eric. Grâce à l'association les Pen Duick vivent.
Pour moi, comme pour d'autres, naviguer enfin à bord d'un Pen Duick et en particulier le VI, m'ont empli de joie et de ravissement. Je pratique la voile depuis mon enfance et Eric et les Pen Duick m'ont fait rêver en lisant, en regardant et en écoutant. Hier, j'étais à bord avec 13 autres personnes aussi heureux et fier que moi. Arnaud, le skipper a su avec gentillesse et simplicité nous "laisser" manoeuvrer, hisser, border, choquer, et barrer. Fantastique rêve réalisé.
Etant domicilié à Brest, lors du Grand Prix de l'Ecole Navale, je serai stagiaire sur le comité de course des régates, et je ne raterai pas l'occasion d'aller saluer les Pen Duick, le VI et Arnaud.
Cordialement et merci encore,"
"Midi approche, le soleil sera bientôt au zenith, l’heure de la méridienne va sonner !
Il est temps de préparer le chrono et de sortir le sextant de sa boite. Dehors grand soleil, mer peu agitée et horizon bien net tout est réuni pour une belle observation.
Eric est à la barre, Pen Duick a sorti toute sa garde robe : artimon, grand voile et les deux spi un sur le mat d’artimon et l’autre sur le grand mat. Pas un bateau en vue on aura les positions plustard, lors de la vacation de 16h.
Cette fois c’est l’heure je m’installe bien calé dans la descente et amène le soleil sur l’horizon il monte encore un peu. Un dernier réglage pour bien faire tangenter l’image du soleil et l’horizon et tout à coup tout disparait plus de soleil dans mon sextant Pen Duick vient d’effectuer un demi-tour
Surpris et furieux je me retourne vers le barreur et vois Eric tourné vers l’arriere. Il fait passer la barre d’un bord à l’autre sans aucun effet sur le cap du bateau.
Je me cale pour protéger mon sextant, Eric se retourne et calmement me dit «on n’a plus de barre ».
Je descends les trois échelons de l’échelle, regards interrogateurs des équipiers qui somnolaient dans leur bannette.
« Tout le monde en haut on a perdu le gouvernail » je range mon sextant et les suit sur le pont. Tout le monde s’affaire pour amener les voiles, avant qu’elles ne se déchirent.
Eric est debout dans le cockpit les bras croisés, cela dure une minute peut être deux et puis action !
« Philippe tu amènes le tangon de spi, Michel monte la boite à outils, Jurgen sort les planchers du carré, Gérard calcule moi la distance de la terre la plus proche ».
Je regarde ma montre il y a cinq minutes nous étions en course vers Copenhague et nous voila sans gouvernail au beau milieu de l’atlantique .
La haut tout le monde s’affaire, sans un mot. De ma table à carte ou je suis lancé dans mes calculs de distances j’ai une impression de grand calme ; le bateau est stoppé et roule un peu ; Eric est en train de clouer les planchers et de ligaturer le tangon pour nous faire un aviron de queue qui sera notre gouvernail de fortune.
Ce qui est frappant c’est le calme de l’équipage. En fait en regardant faire Eric on a l’impression qu’il a déjà vécu cette situation et qu’il sait parfaitement quoi faire que la situation n’a rien de dramatique d’où la sérénité de tous.
L’aviron de queue est paré, il faut maintenant le fixer sur le tableau arrière et faire les essais.
On renvoie la trinquette et la grand voile avec un ris. On peut faire route et garder un cap.
A mon tour je donne à Eric les différentes distances de la terre, Les Bermudes que nous avons quittées il y a 4 jours, les Açores cap au Sud Est avec des vents portants mais sans grand intérêt car nous serons toujours au milieu de l’atlantique en avarie de gouvernail et sans argent pour réparer dans un chantier. Reste Halifax cap au nord cela nous rapproche de notre route.
Cap sur Halifax on remet de la toile et en route. Tant que la vitesse ne dépasse pas 5 ou 6 nœuds on arrive à gouverner sans trop de mal au dela il faut être deux sur le tangon sur lequel on a gréé une planche qui permet de tenir la pelle verticale. Les heures de barre sont de plus en plus pénibles d’autant que plus on gagne vers le nord plus le temps est chagrin humidité, brume et vent debout .
Quelques jours avant d’arriver Eric me demande la distance pour St Pierre et Miquelon. « Au moins la, nous dit il, on parle français !! »
En fait cette destination plait à tout le monde, St Pierre et Miquelon c’est la pêche à la morue, les terre-neuvas, Pierre Loti ou Jack London…un morceau d’imaginaire.
Cap sur St Pierre c’est pratiquement le même cap et la même distance et dans les deux cas nous n’avons aucune carte ni instructions nautiques juste le livre des feux de l’Atlantique Nord.
Je propose à Eric de reconstituer la carte des approches de St Pierre. Pour ce faire nous prenons une carte de Belle–ile qui est à la même latitude que St Pierre. Nous reportons toutes les indications du livre des feux : phares, tourelles, bouées de chenal. L’ennui c’est que l’on ne sait pas ou est le haut fond, le caillou ou la terre par rapport aux points du livre des feux portés sur «notre» carte au nord ? au sud ? à l’ouest ? à l’est ? et le tout dans une brume à couper au couteau qui ne nous a pas quittée depuis 5 jours d’où une navigation à l’estime, la fiabilité du gonio m’ayant toujours laisssé perplexe sauf en homing. Heureusement nous avons un bon sondeur.
Avantage de la brume les sons portent bien et l’on entend la corne de brume du phare de Galantry et la cloche d’une bouée qui se rapproche vite bien qu’Eric ait fait réduire la toile. En fait on ne voit pas la bouée mais une tourelle dont le signal deux cônes pointes en bas est complétement tordu on approche doucement Eric à la barre, Michel à l’avant, Philippe au milieu et moi à la table à carte l’œil rivé sur le sondeur. On emprunte un chenal qui, nous le saurons quelques heures plus tard, est abandonné parce que dangereux.
On avance doucement, les fonds montent et brusquement sort de la brume une digue constituée d’enrochements et sur ces cailloux deux gamins qui pêchent. L’un des deux voyant ce bateau noir sortir de la brume laisse tomber sa ligne et s’enfuit l’autre regarde incrédule ce bateau sorti de nulle part. On le hèle et on lui demande ou est l’entrée du port il tend son bras vers la droite Eric prend donc cette direction, notre guide disparait, happé par la brume, et nous on essaie de suivre la jetée sans s’éloigner de façon à ne pas rater l’entrée.
Voila l’extrémité du môle, on s’engage dans ce que l’on pense être la passe. On entend des bruits et des voix et tout à coup devant nous une barge avec des ouvriers à bord. Deux sont dans un doris et nous voyant ils rament vers nous. Arrivés prés du bord ils découvrent qu’il s’agit de Pen Duick et ils reconnaissent Eric. Du coup ils repartent à force rames vers leurs collègues et l’on entend « C’est pas des Canadiens c’est Tabarly sur son Pen Duick »
Succés assuré 2, 3, 4 doris nous rejoignent et nous guident vers le fond du port et le quai qui nous accueille ; Le «voyage » est terminé. L’accueil des St Pierrais sera extraordinaire et ce pendant les 5 jours et 5 nuits que dureront cette inoubliable escale."
"J'ai retrouvé la lettre jointe dans mes dossiers. Peut-être cela vous intéressera-t-il ! Meric de bien vouloir m'accuser réception."
Président de l'Institut Français de la Mer
"A 72 ans, j'ai réalisé, grâce à vous, un rêve : "naviguer sur ce voilier mythique qu'est Pen Duick III".
Le convoyage Marseille Valencia n'a été que du bonheur grâce aussi à la qualité de son skipper Erwan.
Merci pour tout."
Président de l'Association des Cap Horniers de Plaisance
"Comme promis, en souvenir de votre passage à Saint Cyprien.
Claude"
Ancien Capitaine de la marine marchande,
équipier sur Manuréva et Club Méditerranée avec Alain Colas.
"C’est avec pas mal de retard que je t’envoie le lien sur mes photos des « Pen Duick », à St Cyprien.
Ne m’en tiens pas rigueur, j’avais énormément de photos à traiter, et toujours dans l’urgence.
J’ai vécu cet évènement avec beaucoup d’émotions, car j’ai moi même été dans la « Royale », à Brest à l’Etat Major.
Evidemment, Eric est pour moi, comme pour beaucoup de gens, une icône et c’est avec un très grand plaisir, que j’ai vécu l’arrivée des « Pen Duick » à St Cyprien.
Je te remercie de ton accueil chaleureux, ainsi que celui de Laurent.
Au sujet des photos, il est possible d’en obtenir en qualité supérieure, en me communiquant les n°s origine des photos (Clic droit sur les miniatures et propriétés).
J’attends que tu me donnes également le lien sur le site de l’Association.
Cordialement,"
De trés belles photos à voir sur le lien ci-dessous : galerie photo sur picasa